Élections fédérales 2015

May a-t-elle progressé en français ?

Le débat n’avait pas si mal démarré pour la chef du Parti vert, Elizabeth May. Elle a d’ailleurs surpris et ravi des auditeurs francophones avec sa réplique vive au sujet du niqab. Mais à mesure que le temps passait, sa maîtrise du français devenait de plus en plus laborieuse. « À la fin, quand elle a lu son texte de clôture, on voyait qu’elle était épuisée », a noté Benoît Melançon, professeur au département des littératures de langue française de l’Université de Montréal.

Néanmoins, Mme May « s’est améliorée en français », estime le professeur, auteur du blogue L’Oreille tendue. « En 2011, il y avait un paquet de mots qu’elle n’arrivait pas à prononcer. En 2015, ça va beaucoup mieux, dit-il. Mais elle n’a pas encore la rapidité et la fluidité pour être à l’aise dans un débat. »

Mme May, par exemple, omettait de conjuguer ses verbes. « Elle les mettait à l’infinitif, ou les conjuguait seulement à la première personne du singulier. » Elle peine toujours, souligne M. Melançon, à prononcer certains sons. Ainsi, « budget » devient « bouget », « abus » devient « abusss », « surplus » devient « surplusss ». « On voit bien que c’est quelqu’un qui manque d’entraînement. Ce n’est pas aussi catastrophique que ça a déjà été, mais à certains moments, mieux vaut connaître soi-même l’anglais pour pouvoir retraduire et comprendre ce qu’elle veut dire. »

« Manifestement, c’est quelqu’un qui a commencé à parler français très tard, en comparaison de Stephen Harper. Lui aussi avait de graves problèmes quand il a commencé, mais j’ai l’impression qu’il a commencé plus jeune. »

— Benoît Melançon, professeur au département des littératures de langue française de l’Université de Montréal

La qualité du français du premier ministre, maintes fois soulignée par le passé, laissait toutefois à désirer, jeudi soir, selon le linguiste.

NE PAS FAIRE D'ERREURS

Le débit plus lent de Mme May, signe qu’elle réfléchit très fort pour ne pas faire d’erreurs, rend la conversation difficile. « Stephen Harper aussi parle lentement », dit M. Melançon. « Quand je l’entends parler français, j’ai l’impression de suivre en temps réel les mouvements des rouages grammaticaux… Alors que ce n’est pas le cas chez Thomas Mulcair : il parle vite, il fait des fautes, et ça ne le dérange pas. »

Comme l’ancien chef néo-démocrate Jack Layton, d’ailleurs. « Layton parlait un français assez macaronique ! Et il en était très à l’aise. Il voulait être près des gens, être compris. » Et il ne connaissait pas les niveaux de langue. « Mais ça n’entravait pas la communication, dit M. Melançon. Alors qu’Elizabeth May, quand elle cherche ses mots, la conversation bloque. »

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